Dunkerque, lauréat AAP « zones industrielles bas carbone »
Déjà reconnue comme exemplaire pour ses actions de lutte contre les émissions de CO2 – avec pour objectif une baisse de 30% en 2030 et la neutralité carbone en 2050, Dunkerque est lauréat du tout premier appel à projets « Zones industrielles bas carbone » (ZIBaC).
Instauré par le ministère de l’Industrie via l’Agence de la Transition écologique (ADEME), ce dispositif permettra de réaliser des études d’ingénierie et de faisabilité relatives à la réduction des émissions carbone avec un budget de 27,2 millions d’euros – dont une subvention allouée par l’ADEME à hauteur de 50% -, soit 13,6 millions d’euros.
Mené en étroite collaboration par la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD), le Grand Port Maritime de Dunkerque, la Chambre de Commerce et de l’Industrie, la Région Hauts-de-France et les services de l’Etat, le projet, intitulé « DKarbonation », est animé par Euraénergie, et rassemble
industriels et énergéticiens.
L’enjeu est de faire de Dunkerque, à travers le volontarisme de ses industriels et de l’énergie créative de ses institutions, une vitrine régionale, nationale voire internationale de la décarbonation à l’échelle d’un territoire : passer de premier émetteur de CO2 à premier émetteur de solutions !
Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l’Industrie, a déclaré lors de l’annonce des lauréats, évoquant Dunkerque comme territoire « pionnier » :
« Demain, l’attractivité se mesurera à la présence des infrastructures indispensables pour l’industrie décarbonée : l’électricité, l’hydrogène vert, la capture de CO2. Je suis sûr que la mise en place de zones industrielles bas carbone sur tous les grands bassins industriels français permettra de faire de la France le pays le plus attractif du monde pour les industries vertes ».
Selon Patrice Vergriete, Ancien maire de Dunkerque et Président de la Communauté urbaine de cette agglomération :
« Innovation, sobriété, circularité, mobilité alternative, rupture technologique, nouveau mix énergétique, production d’hydrogène vert, formation aux métiers des filières décarbonées du futur, contrôle et amélioration de la qualité de l’air… notre territoire a l’ambition de mettre en œuvre le premier hub français – et l’un des tout premiers en Europe -, dédié à la décarbonation »
Le bassin industrialo-portuaire dunkerquois est à l’origine de 20 % des émissions industrielles de CO2 en France.
Or Henri-Pierre Orsoni, chargé de missions relations industrielles chez Euraénergie, estime pour sa part :
« Il n’y aura pas de décarbonation sans infrastructures. Et l’objectif 2030 n’est crédible que si les projets sont lancés dès maintenant »
Les procédés de la décarbonation
Cette décarbonation repose essentiellement sur les procédés suivants :
- La sobriété carbone, à savoir utiliser moins d’énergie et réutiliser les sources de chaleur fatale.
- L’économie circulaire, dont le recyclage des matières premières comme l’acier et l’aluminium.
- Le captage, le transport et le stockage, voire la réutilisation et la valorisation de CO2 grâce à un hub dédié.
LES INFRASTRUCTURES SOUTENUES DANS LE CADRE DE ZIBAC
Les infrastructures portées par ZIBaC sont ainsi divisées en six piliers : l’électricité, l’eau, l’hydrogène, le CO2, le biométhane et la chaleur.
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Électrification :
Le bassin industriel a besoin de produire davantage d’électricité pour décarboner. Des besoins évalués à 3500 Méga Watt supplémentaires en 2030 et 4500 Méga Watt en 2040 (selon RTE). Le champ éolien offshore prévu pour 2028-2029, les deux nouveaux EPR à l’horizon 2035 à Gravelines ainsi que le champ photovoltaïque permettront un mix énergétique s’inscrivant dans les grandes orientations nationales.
Henri-Pierre Orsoni estime :
« La France a en effet la chance d’avoir un mix énergétique décarboné »
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Eau :
Les nouvelles implantations, le déploiement de nouveaux procédés industriels et la production d’hydrogène seront synonymes de besoins en eau plus importants. Il est donc primordial de maîtriser la consommation d’eau industrielle et de trouver d’autres sources. Un projet est en cours, avec plusieurs études (menées par la CUD, le Syndicat des eaux du Dunkerquois, le Grand Port Maritime de Dunkerque et Euraénergie) d’optimisation de la gestion de cette eau industrielle, d’analyse des besoins pour la production d’hydrogène, de valorisation des eaux non conventionnelles et de la faisabilité de création d’un réseau d’eau de mer
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Hydrogène bas carbone :
Dunkerque est connu pour être un territoire historique de déploiement de l’hydrogène. H2V porte un projet de production d’hydrogène renouvelable sur le territoire du Grand Port Maritime de Dunkerque et pour lequel une concertation préalable a été menée courant 2019. L’objectif est de produire d’ici 2026, 28 000 tonnes par an d’hydrogène par électrolyse de l’eau, permettant d’éviter chaque année l’émission de 280 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de 160 000 voitures. D’autres projets de production sont également à l’étude. Tout récemment, à la suite d’une étude d’opportunité lancée en septembre 2022 par GRTgaz, onze entreprises se sont déclarées intéressées par une infrastructure de transport d’hydrogène dans la zone industrialo-portuaire. Parmi celles-ci, cinq le sont pour de la production d’hydrogène et six pour de la consommation, que ce soit pour des activités industrielles existantes ou nouvelles.
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Hub CO2 :
Le Hub CO2 de Dunkerque est un projet d’infrastructure regroupant une partie de la chaîne de valeur post-capture du CO2, : c’est-à-dire son transport, sa liquéfaction, son stockage intermédiaire jusqu’à son chargement par navire ou sa réutilisation (CCU). Le périmètre de ce HUB s’étendrait à la zone industrielle et portuaire de Dunkerque et son arrière-pays. Il comprendrait le Terminal CO2 et les canalisations de transport du dioxyde de carbone.
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Biométhane :
Plusieurs unités de méthanisation existent déjà sur le territoire. Grâce à ZIBaC notamment, Dunkerque sera à même de développer de nouvelles infrastructures visant à produire du « gaz vert » à partir des déchets organiques.
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Chaleur fatale :
Le Grand Port Maritime de Dunkerque porte avec Euraénergie un projet d’autoroute de la chaleur. Cette canalisation d’une vingtaine de kilomètres deviendrait le plus grand réseau de France. À l’horizon 2023-2027, il transporterait la chaleur fatale émise par des industriels tels que Befesa, Comilog ou Ferroglobe pour la redistribuer chez d’autres tels que Verkor, évitant ainsi de consommer de l’énergie et émettre du CO2.
Le projet territorial de Dunkerque pour la transition et la décarbonation, soutenu par la France et l’Europe, permettra d’atteindre les objectifs climats fixés par le Gouvernement. Il permettra d’améliorer la qualité de vie des habitants, de créer de nouveaux emplois et confortera ainsi l’attractivité du Dunkerquois.