LE HUB CO2 DE DUNKERQUE, 1ER HUB CO2 DE FRANCE
Représentant un niveau d’émissions de près de 16 MT de CO2, le grand bassin dunkerquois travaille à la création d’un Hub CO2. Cette infrastructure permettrait d’accélérer la décarbonation de la plateforme industrialo-portuaire de Dunkerque et de son arrière-pays et, ainsi, atteindre les objectifs de baisse des émissions de CO2 le plus rapidement possible.
La première phase du Hub CO2, le projet D’Artagnan, porté par Air Liquide France Industrie et Dunkerque LNG a reçu le label PCI (Projet d’Intérêt Commun) de l’Union européenne et plusieurs projets liés à la captation du CO2 dans les usines ont été lauréats du Fond pour l’Innovation de l’UE, notamment CalCC de Chaux et Dolomies du Boulonnais (Lhoist) et K6 d’Eqiom.
Premier projet d’infrastructures de CO2 en France à obtenir le soutien de l’Union Européenne, D’Artagnan bénéficierait d’une subvention de plus de 160 millions d’euros dans le cadre du programme de financement CEF-E (Connecting Europe Facility for Energy) en cas de réalisation du projet.
Les maillons du Hub CO2 dunkerquois
Ce projet serait constitué d’un réseau de canalisations pour le transport du CO2 et d’un terminal de réception, liquéfaction puis stockage avant expédition ou réemploi.
Le Hub CO2 offrirait des capacités de collecte, transport, liquéfaction, stockage intermédiaire à des industriels locaux, régionaux voire nationaux et pourrait évoluer en fonction des acteurs qui souhaiteraient s’y connecter grâce à des “nœuds”.
Le terminal portuaire de conditionnement et d’exportation du CO2 serait installé à proximité immédiate du terminal méthanier de Dunkerque exploité par Dunkerque LNG (filiale du groupe Fluxys) dont la localisation offre une proximité avec de nombreux industriels locaux et un accès direct à la mer. Le CO2 stocké, pourrait alors être soit chargé sur des navires adaptés, en vue de son expédition vers des puits de stockage naturels en Mer du Nord, soit réutilisé.
La capacité projetée du terminal CO2 est de 1,5 MT/an de CO2 collecté et expédié dans un premier temps (volumes CO2 d’Eqiom et de Chaux et Dolomies du Boulonnais du groupe Lhoist), puis de 2 MT/an en prenant en compte la connexion au Hub d’ArcelorMittal. Des capacités supplémentaires pourraient être envisagées en fonction des besoins exprimés par les industriels du bassin et des financements. Les travaux pour les premiers tronçons pourraient être lancés à partir de 2025 pour une mise en service du réseau fin 2027.
Maillon essentiel de la chaîne de décarbonation, les projets de stockage définitif dans des puits de carbone géologiques (des formations géologiques sous-marines profondes) font notamment partie des leviers validés par le GIEC et soutenus par l’Etat dans le cadre de la décarbonation de l’industrie nationale et européenne. Il existe aujourd’hui d’importants sites et projets de stockage en Mer du Nord accessibles via les installations maritimes du Port de Dunkerque.
Des procédés fiables et efficaces depuis plus de 50 ans
Les procédés de captation, transport et stockage de CO2 ont fait la preuve de leur fiabilité et de leur efficacité. Ils sont en effet utilisés depuis plus de 50 ans dans une trentaine de puits à CO2 dans le monde et ont déjà transporté et stocké définitivement environ 300 millions de tonnes de CO2
Le captage, le transport et le stockage de CO2 dans des couches géologiques profondes représentent une technologie incontournable de lutte contre le réchauffement climatique. C’est le « puits de carbone géologique », un moyen supplémentaire à notre disposition pour tenter de ne pas dépasser l’augmentation de 1,5°C comme visé par l’Accord de Paris. En effet, malgré tous les efforts réalisés par les industriels et les technologies innovantes mises en place pour réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère, du CO2 résiduel persiste. Il faut alors le capter pour éviter qu’il ne s’échappe dans l’air et n’augmente encore l’effet de serre. Renvoyer le CO2 sous terre est en quelque sorte remettre le carbone là où on l’a pris, puisque nous avons extrait sous terre du carbone fossile (charbon, gaz naturel, pétrole) qui, en brûlant pour nos besoins énergétiques, a libéré du CO2.
Dans le cas du hub CO2 de Dunkerque, le CO2 serait stocké temporairement dans des containers en surface avant d’être transporté en bateau vers les sites de stockages géologiques sous le plancher de la mer du Nord, en Norvège notamment, où des sites de stockage existent depuis 1996.
Isabelle CZERNICHOWSKI-LAURIOL
Spécialiste internationale du captage et stockage de CO2 , Présidente émérite de CO2GeoNet (réseau d’excellence européen sur le stockage géologique de CO2), ancienne collaboratrice du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM)
Collecte, transport et stockage dans le Hub de Dunkerque
Le CO2, une matière valorisable
Le CO2 est une matière première réutilisable. Le procédé qui consiste à le capter directement en sortie d’usine, permet d’éviter que le CO2 ne rejoigne l’atmosphère. Stocké temporairement, il peut alors être exporté afin d’être stocké dans des puits de carbone naturels ou être valorisé. Des solutions soutenues par le GIEC et l’Adème.
En effet, les éléments chimiques qui composent le CO2 (deux atomes d’oxygène et un atome de carbone) peuvent être valorisés soit directement ou transformés biologiquement ou chimiquement. Le CO2 est en effet utilisé dans de nombreux procédés industriels (solvant, traitement des eaux, procédés agroalimentaires, carbonatation…), néanmoins la valorisation chimique est la voie la plus prometteuse avec de nombreux usages possibles : électro-carburants pour l’aviation, produits chimiques comme le polycarbonate ou produits carbonatés tels que des bétons fabriqués.
A Dunkerque, plusieurs pistes et projets sont à l’étude.