Le développement des infrastructures permettant la décarbonation
La réduction des émissions carbone nécessite la mise en place d’infrastructures de grande ampleur autour desquelles les acteurs institutionnels et industriels se mobilisent.
Localement, les infrastructures soutenues par le dispositif ZIBaC se portent sur 6 piliers majeurs : l’électricité, l’eau, l’hydrogène, le CO2, la chaleur fatale et le gaz.
Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l’Industrie, a déclaré lors de l’annonce des lauréats au projet « Zone Industrielle Bas Carbone », évoquant Dunkerque comme territoire “ pionnier “ : « Demain, l’attractivité se mesurera à la présence des infrastructures indispensables pour l’industrie décarbonée : l’électricité, l’hydrogène vert, la capture de CO2. Je suis sûr que la mise en place de zones industrielles bas carbone sur tous les grands bassins industriels français permettra de faire de la France le pays le plus attractif du monde pour les industries vertes. »
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L’hydrogène
L’atteinte des objectifs de réduction des émissions de CO2 nécessite de faire appel à l’usage massif de l’hydrogène. L’hydrogène renouvelable et bas carbone peut se substituer aux énergies fossiles, améliore la qualité de l’air et permet l’émergence d’une nouvelle filière industrielle française.
A la suite d’une étude d’opportunité lancée en septembre par GRTgaz, 11 entreprises du bassin dunkerquois se sont déclarées intéressées par une infrastructure de transport d’hydrogène dans la zone industrialo-portuaire. Qu’il s’agisse de consommateurs ou producteurs d’hydrogène, la nécessité de développer une infrastructure de transport collective fait sens. GRTgaz en partenariat avec les décideurs du territoire travaillent à la mise en place du Hub H2 dunkerquois, connecté à terme au réseau belge voisin.
Le pôle hydrogène autour de Dunkerque, bénéficiera d’énergies renouvelables et bas carbone mais aussi de la proximité avec la “dorsale européenne de transport hydrogène” (European hydrogen backbone), réseau de transport par gazoduc dédié, réutilisant largement les infrastructures gazières déjà existantes.
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L’électrification
Afin de réduire l’usage des énergies fossiles, le bassin industriel dunkerquois fera davantage appel à l’électricité, augmentant de fait considérablement ses consommations électriques. Les besoins supplémentaires sont évalués à 3500 Mégawatts en 2030 et 4500 Mégawatts en 2040 (selon RTE).
Renouvelable et bas carbone, la production électrique suivra également une croissance importante. Des centrales photovoltaïques développées sur les espaces portuaires devraient apporter 40 MW d’électricité supplémentaires, un champ éolien offshore permettra de produire 600 MW dès 2027.
Enfin, deux nouveaux EPR2 produiront 3 340 MW supplémentaires à l’horizon 2038-39. Afin de pouvoir répondre à l’ensemble des demandes des clients industriels et à l’augmentation des moyens de production tout en conservant une qualité d’alimentation électrique optimale, RTE doit renforcer son réseau électrique en optimisant ses installations ou en construisant de nouvelles infrastructures de type postes et lignes électriques qui alimentent la zone. D’ici 2030, RTE prévoit d’investir 1,3 milliard d’euros sur ce territoire.
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La chaleur fatale
En France, 70% de la consommation d’énergie dans l’industrie (environ 230 TWh en 2021) sont dédiés à la production de chaleur, dont environ 1/3 pour des basses températures (<100°C), 1/3 pour des niveaux de température compris entre 100°C et 400°C et 1/3 dépassant les 400°C.
Quelques procédés font appel à de la chaleur à plus de 1000°C, par exemple dans la sidérurgie ou la construction (production de clinker, fabrication de briques en terre cuite). Localement, pour compléter le réseau de chaleur urbain déjà très développé, le Grand Port Maritime de Dunkerque porte, avec ÉcosysètmeD, un projet d’autoroute de la chaleur pour valoriser 635 GWh. Cette canalisation d’une vingtaine de kilomètres deviendrait le plus grand réseau de France partagé entre des industriels.
A l’horizon 2025, il transporterait la chaleur fatale émise par des industriels tels que Befesa, Comilog ou Ferroglobe pour la redistribuer chez d’autres tels que Verkor, évitant ainsi de consommer de l’énergie et émettre du CO2.
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L’eau
L’industrie a souvent besoin d’eau pour ses procédés. Aussi, pour en limiter l’utilisation, notamment celle de l’eau potable, Dunkerque a développé un réseau d’eau industrielle dès les années 1970 d’une capacité de 22 millions de m3 d’eau non potable. Au-delà, le territoire soutient le développement d’une “boucle de l’eau” , une infrastructure permettant la réutilisation d’eaux industrielles rejetées dans le process d’une industrie voisine, étudie la réutilisation des eaux usées issues de stations d’épuration urbaines, ou encore l’utilisation de l’eau de mer à la place de l’eau des canaux pour certains usages.
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Le CO2
Le territoire dunkerquois et son arrière-pays se sont fixés comme objectif de baisser de 55 % les émissions en 2030 (par rapport à 2021) et atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, le développement d’infrastructures collectives de grande ampleur est en cours. L’activation de nombreux moyens (efficacité énergétique, sobriété, économie circulaire, remplacement des énergies fossiles, transformation des procédés…) permettront de réduire les ¾ des émissions carbone tandis que le ¼ restant sera évité grâce à la mise en place de techniques de capture, transport pour stockage ou utilisation du CO2 (CCUS). C’est dans ce cadre que le territoire travaille collectivement à la mise en place d’un Hub CO2 ouvert.
- 75% de réduction des émissions grâce à la décarbonation des procédés
- 25% de captage des émissions résiduelles pour utilisation ou stockage