« Dunkerque, champ éolien le plus rentable »
« Au vu des premières mesures, Dunkerque sera le champ éolien le plus rentable. » Jérémy Tolu, chef de projet à Nass&Wind, est clair. Le travail mené depuis mai par l’entreprise bretonne, qui a posé au large de Dunkerque une bouée de mesure du vent (notre édition du 7 juin), vient apporter de l’eau au moulin des défenseurs de l’éolien offshore sur les bancs dunkerquois. Il conforte le choix fait par Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de retenir le secteur comme zone d’implantation d’éoliennes en mer dans le cadre du troisième appel d’offres national. Surtout, il peut être un argument pour amener des investisseurs à se positionner pour l’implantation du futur champ.
« Un des gisements les plus intéressants du littoral français »
Une mesure fiable
Les mesures de Nass&Wind sont d’autant plus intéressantes qu’elles ont été réalisées entre mai et septembre, à une période plutôt calme question vent. Elles apportent aussi des éléments fiables vu la technique employée : « Sur notre bouée est installé un boîtier qui envoie un signal laser vertical, qui peut mesurer jusqu’à 200 m de hauteur. L’important est de connaître le vent au niveau du moyeu de l’éolienne, soit une centaine de mètres. Sur les quatre mois de mesures, notre système a fonctionné 99 % du temps. Et il donne des mesures réelles, pas des modélisations ou des extrapolations », explique Jérémy Tolu.
Ces résultats devront être complétés : « Pour un projet éolien, il faut au moins un an de mesures pour jauger les variations selon les saisons et avoir une bonne évaluation du vent, que ce soit en vitesse ou en direction », détaille le chef de projet.
Une zone alternative
Une fois Dunkerque choisi comme lieu d’accueil d’un champ éolien offshore, les services de l’État ont déterminé une zone pour son implantation. Globalement favorables à l’éolien en mer sur le territoire, les professionnels de la mer ont en revanche accueilli plus que fraîchement le tracé de cette zone (nos éditions des 12 et 15 juillet) : trop proche de la côte, empiétant sur les routes d’accès au port… Ils s’interrogent aussi sur la distance de 5 miles par rapport au dispositif de séparation du trafic (DST) imposée par la préfecture maritime.
Du coup, l’Union maritime et commerciale (1) a planché sur une solution alternative, qu’elle a transmise dans le cadre de la consultation publique menée cet été. Elle propose une zone plus petite que les 180 km2 délimités par la préfecture maritime : « Environ 70 km2 utilisables. Cette zone potentielle située dans la zone de 180 km2 pourrait se situer dans un espace délimité par la route des Flandres (2), la frontière belge, et à une distance de sécurité de la limité sud de séparation du trafic. » L’UMC souhaite aussi que soit publiée l’étude qui a déterminé la zone de 5 miles.
« Nous espérons que nos remarques seront prises en compte et que la zone évoluera dans le bon sens », souhaite Jean-Charles Le Gall, président de l’UMC, convaincu de l’intérêt écologique et économique de l’éolien offshore pour Dunkerque. « On a débroussaillé le projet. De mon point de vue, nous arriverons à un résultat qui devrait satisfaire la plupart des acteurs maritimes », estime l’amiral Ausseur, préfet maritime Manche – Mer du Nord.
(1) Elle regroupe les métiers en lien avec le port et compte actuellement 64 entreprises représentant environ 1 750 salariés.
(2) Une voie d’accès au port, située à l’ouest de Dunkerque.
Article de Annick Michaud, La Voix du Nord