Dunkerque: l’usine de liant pour béton bientôt opérationnelle
Pour construire l’outil permettant de produire cette fine poudre blanche destinée essentiellement à fabriquer du liant hydraulique pour béton pouvant se substituer partiellement au ciment, Ecocem France a investi 37 millions d’euros HT, dont plus de la moitié destinée au broyeur. Ce dernier va écraser le grain de laitier, sorte de sable grisâtre, en une poudre aux propriétés multiples. Ecocem France qui n’a pas de concurrents ou presque sur ce secteur a déjà construit la même usine à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), également à coté de son principal fournisseur : ArcelorMittal.
ECOSYSTÈME INDUSTRIEL
Le liant hydraulique pour béton produit par Ecocem à Dunkerque est en effet le fruit d’un Ecosystème industriel judicieux qui permet de transformer deux sous-produits de la fabrication de la fonte : du laitier granulé (sorte de sable grisâtre) et de l’énergie fatale, en un nouveau produit à haute valeur ajoutée : du laitier granulé de haut-fourneau moulu, certifié CE. L’usine produira aussi du ciment CEM III/A 42,5 N.
ArcelorMittal, producteur d’acier voisin et actionnaire d’Ecocem France valorise ainsi une partie de son laitier (1,6 million de tonnes avec granulation — opération qui permet ensuite sa réutilisation — sont produites à Dunkerque chaque année) et une partie de son énergie jusque-là perdue. Ecocem se nourrit de ces sous-produits pour fabriquer son liant qui possède des caractéristiques techniques très intéressantes.
«Résistance aux sulfates, au feu et au milieu acide, l’incorporation de notre produit dans les ciments permet de donner aux bétons une résistance accrue. Par exemple notre liant est préconisé dans tous les ouvrages souterrains du Grand Paris pour sa résistance aux sulfates. En effet les sous-sols parisiens sont riches en sulfates qui peuvent provoquer une altération rapide des bétons classiques», souligne José Garcia, manageur industriel de l’entreprise. Il ajoute, de plus, que l’utilisation de ce produit permet de réduire significativement les émissions de CO2 liées à la fabrication du béton.
MOIS DE C02
«Avec 30 % du ciment remplacé par notre liant, ce qui est la limite réglementaire en France en dehors des bétons dits techniques, on réduit de 25% les émissions de CO2 liées aux bétons. Avec une proportion de 70 % on diminuerait de 60 % les émissions de CO2», illustre José Garcia.
Pour le béton utilisé sur site pour la construction de l’usine de Dunkerque, réalisée par Eiffage Génie Civil Région Nord, Ecocem a utilisé un maximum de son produit en substitution du ciment. «Notamment dans le béton des fondations. La réglementation française prévoit 30 % maximum sauf pour les bétons dits techniques qui peuvent monter à 50 %», explique José Garcia, manageur industriel de l’entreprise. Il ajoute que sur l’un des silos de stockage, l’entreprise a réussi à obtenir une épaisseur plus faible grâce à une forte proportion de laitier broyé. «Malgré un temps de séchage un peu rallongé, nous avons réussi à réaliser un coffrage glissant avec ceinture pré-contrainte», se félicite le manageur.
JOINT-VENTURE AVEC UN SIDÉRURGISTE
Ecocem France est né, en 2007, d’une joint-venture entre Ecocem Materials (entreprise Irlandaise) et ArcelorMittal Méditerranée pour exploiter le laitier granulé de haut-fourneau issu de leur production de fonte. Il s’agit de la seule filiale d’Ecocem Materials constituée d’une joint-venture avec un sidérurgiste. Ecocem France avait un chiffre d’affaires de 33,6 millions d’euros en 2016.
Emmanuelle Lesquel (Bureau de Lille du Moniteur) – LE MONITEUR.FR –